Cette mesure, récemment officialisée par le ministère du Travail, s’inscrit dans une logique de « juste coût » du financement de l’apprentissage. L’objectif : ajuster les niveaux de financement aux économies supposées permises par la formation à distance. Une décision qui interroge profondément AINOA, l’association de référence pour les acteurs de la formation digitale, qui a pu alerter dans son communiqué de presse sur les risques d’une telle mesure.
Une baisse de 20% des NPEC est prévue au 1er juillet 2025
« Le recours au distanciel permet des réductions des coûts pédagogiques pour les centres de formation. Ainsi, à partir de plus de 80 % de formation en distanciel dans le cursus des apprentis, une minoration de 20 % sera appliquée aux niveaux de prise en charge. »
Cette baisse du financement de l’apprentissage s’appliquera dès le 1er juillet 2025.
A travers cette mesure, le ministère souhaite rééquilibrer les marges entre présentiel et distanciel. Seulement, cette approche purement comptable fait abstraction des investissements massifs nécessaires pour concevoir, animer et sécuriser une formation à distance de qualité, comme l’exige notamment la certification Qualiopi.
Une vision réductrice du distanciel
Le développement de la formation à distance s’est accéléré avec la réforme de 2018 et la crise sanitaire, répondant à des enjeux d’accessibilité, de personnalisation des parcours et de couverture des zones peu desservies.
Pénaliser ces modalités, c’est donc freiner une dynamique d’innovation pédagogique aujourd’hui largement engagée. C’est aussi menacer l’équité territoriale et sociale en restreignant l’accès à l’apprentissage pour de nombreux publics.
Pour AINOA, cette réforme :
- pénalise l’innovation pédagogique et les démarches d’hybridation portées par les CFA et OFA depuis la réforme de 2018 ;
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contredit les usages réels, alors que la formation à distance permet de répondre à des enjeux d’accessibilité, d’inclusion, de mobilité, et d’individualisation des parcours ;
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risque d’exclure les publics éloignés, notamment dans les territoires peu desservis ou pour les publics empêchés.
Si le distanciel modifie certaines lignes budgétaires (moins de frais de déplacement ou d’accueil), il suppose en contrepartie des investissements lourds : ingénierie pédagogique, plateformes LMS, accompagnement renforcé, tutorat individualisé, sécurité des évaluations… Des investissements qui ne sont pas gratuits et qui ne sont pas pris en compte par la réforme.
Consulter le dossier de presse officiel du ministère du Travail sur la réforme du financement de l’apprentissage